Notre histoire
Le monastère des clarisses de Nantes a eu 550 ans au mois d'août 2007 ; c'est dire qu'il est né le 30 août 1457. La ville avait alors de nombreuses communautés masculines (les cordeliers étaient présents depuis le XIIIe siècle), mais aucun monastère de femmes. Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, conçut le projet de fonder un monastère de clarisses et demanda à la communauté de Decize (petite île sur la Loire, dans le Nivernais), où elle avait une tante clarisse, d'envoyer quelques sœurs. La communauté, fondée 38 ans plus tôt par sainte Colette, n'était pas assez nombreuse pour envoyer un essaim suffisamment important, mais elle fit appel aux monastères du Puy, d'Aigueperse, de Moulin ; et c'est un petit groupe de 17 sœurs qui arriva à Nantes, sans doute en remontant la Loire en bateau. Elles furent accueillies au château des ducs en attendant la fin de l'aménagement l'hôtel de Rochefort en couvent. Un mois plus tard, le 30 août 1457, elles prirent possession du monastère. Ce fut un jour de fête magnifique. Tout le clergé de la ville accompagné d'éminents frères mineurs les conduisirent en procession suivis de la noblesse et d'un grand concours de peuple. L'aumônier de la maison ducale lut à haute voix la bulle du pape Calixte III qui établissait le monastère, avant de refermer la porte sur les sœurs.
Françoise d'Amboise
 

A quelques mètres du château, recueillies derrière leurs murs, les clarisses menèrent une vie pauvre, fervente et heureuse. Dès 1488, 31 ans seulement après leur arrivée à Nantes, elles étaient assez nombreuses pour fonder le monastère de Dinan. Moins de deux siècles plus tard, en 1662 à la demande des pères récollets deux sœurs vont remonter le monastère d'Hesdin en Artois, ravagé par les guerres.

A Nantes, la communauté continuait à vivre dans une joyeuse pauvreté , entourée de l'estime et soutenue par la générosité du bon peuple nantais qui a toujours subvenu à ses besoins, venait assister à ses Offices et confiait joies et peines à ses "saintes claires". Mais en 1786, l'orage qui allait éclater trois ans plus tard en France, grondait déjà aux Pays-Bas. Plusieurs sœurs chassées de leur monastère vinrent grossir la communauté de Nantes. La Révolution éclata à son tour en France et en 1792 toutes les clarisses furent dispersées, les unes furent emprisonnées, d'autres trouvèrent refuge chez des particuliers. Mais lorsque les dernières survivantes moururent, la relève n'était pas loin.

vestiges de l'ancien monastère

En 1859, la comtesse de Pimodan, écrivit à l'évêque de Marseille pour reconstituer une communauté de clarisses à Nantes. Marseille, c'était l'autre bout du monde pour les six pauvres sœurs désignées pour la fondation. Elles mirent trois jours (ou plutôt trois nuits), pour traverser toute la France en chemin de fer. Après une halte à Lyon, elles s'arrêtèrent à Paris. Elle étaient accompagnées par le bon Père Demore qui perdit le porte-feuille de la petite troupe dans la " Babylone nouvelle ". Heureusement, elles furent accueillies et secourues par les Visitandines de Paris et purent continuer leur voyage. A Ancenis elles étaient attendues par le comte et la comtesse de Pimodan qui tinrent à les accueillir chez eux. Après avoir traversé la Loire sur un pont " d'une longueur infinie ", elles arrivèrent au château de Champtoceau. Le lendemain elles reprirent le chemin de fer pour Nantes. A la gare le secrétaire particulier de Monseigneur l'Évêque les attendait avec des voitures. Pour sanctifier leur ville, les cochers firent un grand détour, mais les chères sœurs ne regardèrent rien "afin de ne pas manquer à l'esprit de la bénie clôture". Elles arrivèrent enfin dans la petite maison louée rue de Sévigné et préparée par des religieuses et des dames de la ville. Dès le lendemain, les habitants leur apportèrent tout ce qui était nécessaire, riches et pauvres rivalisant de générosité. Un terrain fut acheté près de la route de Rennes et le monastère fut bâti, peu à peu, au fur et à mesure que les dons le permettaient.

En 1861, les constructions étaient assez avancées pour que la communauté puisse s'installer. Mais les débuts furent difficiles. Pour des marseillaises, Nantes, c'était vraiment un autre univers : la cuisine était faite au beurre et non plus à l'huile d'olive, les poissons de l'océan n'avaient pas le même goût que ceux de la Méditerranée, quand au soleil il était bien pâle lorsqu'il n'était pas caché par les brumes de l'ouest. Les premières sœurs externes recrutées à Nantes partirent … avec le porte-monnaie. Mais heureusement de bonnes et nombreuses vocations affluèrent et pendant 40 ans la vie s'écoula fervente.

Le début du XXe siècle allait apporter de nouvelles tribulations avec les affrontements entre l'Église et l'État. En 1880, lors de l'expulsion des capucins, les clarisses qui n'étaient séparées d'eux que par la rue Hauteroche, furent aux premières loges pour entendre le vacarme : cris de la foule pour ou contre les religieux, coups de hache dans les portes barricadées... Pressentant les difficultés, les sœurs cherchèrent un lieu de repli. En 1904, un petit groupe partit prospecter en Angleterre à Lutterworth. Il s'avèra impossible d'héberger toute la communauté mais le petit groupe projeta de faire une fondation. Quelques aspirantes anglaises se présentèrent mais la cohabitation fut difficile et l'incompréhension totale. La fondation anglaise sera un échec et les françaises, lorsque le calme sera revenu en France, reviendront fonder à La Rochelle.

Durant ce temps la communauté nantaise cherchait toujours un lieu d'exil et trouva un point de chute en Italie. Les sœurs se préparèrent au départ. Tout (y compris les statues et les stalles) fut mis dans des caisse (plus de 600 !) qui s'entassèrent dans le cloître. Quand arriva l'ordre d'expulsion le 31 août 1911, le dernier groupe partit rejoindre les premières arrivées à Grugliasco près de Turin. Plusieurs moururent en exil et lorsqu'elle purent revenir en 1917, c'était une communauté diminuée et qui avait perdu les habitudes de la vie conventuelle, qui prit le chemin du retour.
A Nantes d'autres difficultés les attendaient : Le monastère avait été vendu. De généreux bienfaiteurs avaient sacrifié une partie de leur fortune pour le racheter mais pour récupérer un peu d'argent, ils avaient loué les locaux : un garde meuble était installé dans la chapelle, une crèche au premier étage, un vieux monsieur s'était constitué un appartement dans plusieurs cellules. Les clarisses durent reconquérir leur monastère pièce après pièce, relever les cloisons qui avaient été abattues, rétablir la vie conventuelle. Elles s'attellèrent à la tâche avec courage. De nouveau les vocations affluèrent.
La villa de Grugliasco

En 1933 la communauté comptait 70 sœurs entassées dans des locaux devenus trop étroits. Elles répondirent à l'appel du futur cardinal Suhard alors archevêque de Reims et allèrent y rétablir un monastère.
En 1936 un groupe de sœurs partit renflouer le monastère de Montbrison.
En 1939, nouveau départ pour venir en aide à la communauté de Perpignan. Au cours des décennies suivantes de nombreuses sœurs iront encore dans ces trois monastères.
En 1969, deux sœurs s'envolèrent pour implanter la vie des clarisses à Madagascar : elles participèrent avec des sœurs de Vals et de La Verdière à la fondation projetée par Nice.
Ainsi, la communauté a maintenant des filles, petites-filles et arrières-petites-filles non seulement en France mais aussi au Congo Brazza, en Côte d'Ivoire, au Togo, à Antsirabe et Tana (Madagascar). Aujourd'hui, le monastère poursuit sa route, enrichi par ces liens multiples et des représentantes de diverses communautés nous ont fait la joie de venir célébrere nos 550 ans :

eucharistie des 550 ans

En 2007, avec les festivités du 550e anniversaire de l'arrivée des clarisses à Nantes, la communauté et ses amis n'ont pu que rendre grâce pour cette longue histoire. Malgré la fragilité des personnes et les difficultés propres à chaque période, la forme de vie de Claire, parce qu'elle est enracinée dans l'Évangile, a traversé les siècles en s'ouvrant aux nouveautés de chaque époque.

verre de l'amitié des 550 ans
 
 

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